Film

Où se trouve Asuka ?

À Asuka se déroulèrent de nombreux épisodes de la fondation du Japon

Il y a de cela 1400 ans, au VIIème siècle, dans un monde tumultueux, naissait le Japon. C’est alors que l’ardeur des femmes se manifesta.

Carte « Sur les traces des héroïnes d’Asuka, lieux de réminiscence »

Reconnu premier Patrimoine Japonais

Cette histoire de l’époque Asuka, contée par les destins de cinq femmes et se déroulant dans la préfecture de Nara dans les communes de Kashihara Takatori et Asuka, a été reconnue premier Patrimoine Japonais le 24 avril 2015 sous le titre « À l’époque de la fondation du Japon ~Les femmes qui ont brillé sur Asuka~ ».

Les femmes qui ont brillé sur Asuka

L’impératrice Suiko

Une femme douée pour la communication

Première impératrice régnante de l’histoire de l’Asie orientale, elle s’appuya habilement sur de grands hommes politiques et fut très efficace pour la promotion du Japon sur le continent

Depuis l’introduction du Bouddhisme au Japon, les luttes entre pro et anti bouddhisme se poursuivaient. Puis, le drame arriva : l’empereur fut assassiné. Tous ces troubles amenèrent la princesse Nukatabe, épouse de l’empereur Bidatsu, sur le trône. Elle devint l’impératrice Suiko, première impératrice régnante non seulement au Japon, mais aussi dans l’histoire de l’Asie. Elle établit un nouveau régime avec le concours de deux grands hommes politiques de l’époque que furent le prince Umayato (Prince Shôtoku) et Soga no Umako, issu d’un clan très lié aux élites venues de l’étranger. Commençant par accepter le bouddhisme, elle put profiter de la culture des moines venus du continent. Par ailleurs grâce à l’unification de la Chine par la dynastie des Sui, elle put rétablir les échanges et bénéficier de sa culture la plus moderne. Rapidement, grâce aux rapports des ambassades envoyées dans la capitale des Sui, on prit conscience du retard qu’avait le Japon et l’on s’efforça de développer les institutions japonaises. Le système des « 12 niveaux de rangs » fut alors établi afin de permettre la promotion de personnes de talent et la « Constitution en 17 articles » qui définissait la conduite des grands clans et des officiels fut promulguée ; tout pour constituer les fondements de la nation. Une nouvelle fois une ambassade fut envoyée à la cour des Sui et Ono no Imoko fut chargé d’une missive officielle qui commençait par : « De la part de l’Enfant Céleste (l’impératrice) du pays où le soleil se lève à l’attention de l’Enfant Céleste du pays où le soleil se couche. Est-ce que vous allez bien,… » Bien que la formulation de cette lettre officielle irrita passablement l’empereur Sui Yangdi, ce dernier envoya une ambassade au Japon. L’ambassadeur chinois Pei Shiqing (jp. Hai Seisei) aurait fait un rapport à l’empereur Sui Yangdi sur le Grand Bouddha d’Asuka ainsi que sur le palais Oharida no miya. Ainsi, l’impératrice Suiko parvint d’une part à créer des liens diplomatiques avec les Sui et, d’autre part, à préserver son indépendance. Par la suite, grâce à ces plans habiles pour faire prospérer le pays, profitant des plus récents savoir-faire chinois, le développement du Japon put se poursuivre.

L’impératrice Saimei

Une femme qui n’avait pas froid aux yeux

Après la réforme de Taika qui engendra de grands changements dans le pays, en esprit libre qu’elle était, elle poursuivit les travaux publics sans craindre ni les tabous et ni les critiques

Lorsque prit fin le règne de l’empereur Jomei qui avait été intronisé grâce au pouvoir du clan Soga, son épouse (la princesse Takara no Himemiko) fut intronisée et devint l’impératrice Kôgyoku. C’était une impératrice mystique qui pratiquait des rituels comme celui pour appeler la pluie. Son intronisation aurait dû permettre d’éviter les luttes de succession, mais le clan Soga attaqua la famille du prince défunt Umayato et, l’année suivante, le prince Naka no Ôe et les siens provoquèrent des troubles afin de faire tomber le clan Soga. Peu après, l’impératrice Kôgyoku en prit la responsabilité et abdiqua, chose taboue à l’époque. L’empereur Kôtoku qui fut ensuite intronisé déplaça la capitale à Naniwa, encouragea la réforme de Taika et la centralisation, mais il était isolé et décéda. C’est ainsi que Kôgyoku fut une nouvelle fois intronisée à 62 ans et qu’elle fut la première au Japon à connaître deux règnes. Elle devint alors l’impératrice Saimei. Ensuite, grâce à des réformes et à une meilleure organisation, elle chercha à rendre le pays plus fort en encourageant les travaux publics. Elle se mit à faire construire un palais et diverses infrastructures et fit creuser un canal d’une taille telle qu’il fut raillé sous le nom de « Canal dément ». Elle envoya aussi une flottille de bateaux dans le Nord-est afin d’étendre son territoire. Elle prit ensuite elle-même la tête d’une armée pour secourir le royaume de Baekje (dans l’actuelle Corée) qui avait été écrasé par les armées des Tang et du royaume de Silla. Elle se rendit ainsi jusque Kyûshû, mais décéda à 68 ans avant la bataille décisive. Ses actes, à la fois libres et décomplexés, étaient probablement guidés par sa volonté d’apporter la sérénité à la nation.

L’impératrice Jitô

Une femme bien avisée

Pour réaliser le rêve de son mari décédé avant son aboutissement et pour que son fils puisse lui succéder, elle fut une incessante planificatrice.

Fille de l’empereur Tenchi, la princesse Unono-Sarara, future impératrice Jitô, épouse son oncle le prince Ôama. Mais ce prince se retire à Yoshino car il se sent en danger du fait de querelles pour la succession de l’empereur Tenchi. À ce moment-là, parmi toutes les épouses de l’Empereur, seule la princesse Unono-Sarara le suit en emmenant son fils le prince Kusakabe. Par la suite, le prince Ôama devint l’empereur Tenmu grâce à sa victoire lors des troubles de Jinshin. Alors, il commença une politique nouvelle, centrée sur son épouse impériale Sarara, les princes Kusakabe et Ôtsu et autres, leur octroyant les plus hautes fonctions. Il instaura également de nouvelles lois permettant de confier des charges officielles à des membres de familles puissantes. L’empereur Tenmu fut l’un des plus déterminés pour l’établissement d’une nouvelle capitale. Cependant, alors que l’empereur était allé lui-même visiter le lieu où serait établie la nouvelle capitale, il décéda juste après le début des travaux. Alors, pour que le prince Kusakabe puisse ensuite devenir empereur, Sarara exerça le pouvoir politique sans monter sur le trône (régence) mais le prince décèda trois ans plus tard. C’est ainsi qu’elle monta finalement sur le trône en tant qu’impératrice Jitô afin de permettre, par la suite, au fils de Kusakabe, le prince Karu alors âgé de 7 ans, de lui succéder. Alors, l’établissement de la nouvelle capitale put reprendre, il s’agissait de réaliser le rêve de l’empereur Tenmu de déplacer la capitale. C’était la vaste capitale de Fujiwara-kyô, installée autour des « Trois monts du Yamato » et dont le plan en damier était parcouru par des avenues d’est en ouest et du nord au sud. Dans cette perspective, fut établi le Code législatif Kiyomihara. Ainsi, par son action, l’impératrice permit une progression rapide de la mise en place du système des codes « Ritsuryô » inspiré de la Chine des Sui et des Tang.

La nonne Zenshin

Une femme vraiment apaisante

Une pionnière passionnée, première nonne de l’histoire du Japon qui garda la foi malgré les persécutions et qui n’hésita pas à partir étudier par delà les mers

Le Bouddhisme avait été introduit au Japon depuis déjà des dizaines d’années mais les luttes perduraient entre les clans Soga et Mononobe concernant l’acceptation du bouddhisme. Alors, le fait que Soga no Umako accepta et voua un cuklte à une statuette bouddhique venue de Baekje (royaume de la péninsule coréenne) ne fit qu’animer les querelles. Ensuite, Umako fit venir le moine Hyep'yon (jp. : Eben-hôshi) du royaume coréen de Koguryo, et fit devenir nonne Shima, la fille de Shiba Tatto, une fillette intelligente et innocente alors âgée de 11 ans. C’était Zenshin, la première nonne bouddhiste au Japon. En outre, en donnant Zenshin pour guide, il fit en sorte que deux autres fillettes deviennent également nonnes. Elles vénéraient la statue de Bouddha enchâssée dans la demeure d’Umako. Mais, peu de temps après, une grande épidémie sévit. Les Mononobe, le clan opposé au bouddhisme, déclara alors : « Parce que l’on vénère des divinités étrangères, les divinités nationales sont courroucées ! » Et, attaquant la demeure d’Umako, ils arrachèrent les vêtements des trois nonnes, les attachèrent et les firent fouetter au « Croisement de Tsubaichi ». Malgré ce châtiment, la nonne Zenshin continua à encourager les deux autres et sans amertume, elle persista à étudier le bouddhisme. Puis, suivant les conseils d’Umako, Zenshin partit à l’âge de 15 ans étudier les préceptes bouddhiques dans le royaume coréen de Baekje. Cela se passait avant même l’envoi de la première ambassade en Chine des Sui. Une fois de retour, elle convertit de nombreuses personnes au temple Sakurai-ji (Toyura-dera) et permit ainsi à la foie bouddhique de se développer au Japon.

La princesse Nukata

Une femme qui a du succès coeur et en affaires

Une « cool working woman » dont on a cessé de chanter en poèmes la belle intelligence et le profond amour que lui portait l’empereur

La princesse Nukata était une dame de compagnie principalement au service de l’impératrice Saimei et de l’empereur Tenchi. Elle avait de nombreux talents et excellait en composition de poèmes si bien qu’elle remplaçait parfois l’impératrice ou l’empereur lors de joutes poétiques et comme elle elle était également douée pour la danse, elle dansait aussi parfois lors de cérémonies. Elle donna naissance à une fille du prince Ôama, mais même après la naissance, on lui demanda de reprendre son service. Lorsque l’impératrice partit pour Kyûshû pour secourir le royaume de Baekje, la princesse Nukata composa ce poème : « Au port de Nigitatsu, attendant la lune pour embarquer ; avec la lune vient la marrée, maintenant, allons-y ! » encourageant ainsi les hommes d’arme. Elle a aussi laissé cet autre poème composé lors du déplacement de la capitale à Ômi-Ôtsu : « Faut-il que le Mont Miwa me soit tant caché ? Si au moins les nuages avaient du coeur, ils ne la cacheraient point. » Et puis, elle composa ce célèbre poème lors d’une fête : « Allant dans la plaine aux grémils violets, allant dans la réserve de chasse, les gardes ne le voient-il pas, que tu agites ta manche ? » Et le prince Ôama lui répondit : « Toi qui es belle comme ces herbes violettes, si j’avais de la rancune, pourquoi t’aimerais-je toi qui es déjà mariée ? » En outre Naka no Ôe composa ce poème : « Lorsque le (dieu du) Mont Kagu s’éprend (de la déesse) du Mont Unebi, le (dieu du) Mont Miminashi lui fait la guerre. Depuis l’époque des dieux, il semble en être ainsi. S’il en était ainsi dans les temps anciens, à plus forte raison ajourd’hui les hommes se battent-ils pour les femmes. » À travers les « Trois monts du Yamato » que sont les monts Kagu-yama (dont la divinité est masculine), Unebi-yama (divinité féminine) et Miminashi-yama (divinité masculine), il évoque la relation triangulaire qui existait entre la princesse Nukata, le prince Ôama et lui-même, mais on ne connaîtra jamais la vérité. La princesse Nukata donne l’image d’une femme aux nombreux amours mais par l’expression habile des sentiments, elle fut l’une des principales actrices de la culture poétique du Man’yô-shû et sa contribution en tant que telle est incommensurable.

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